Enseignement Teaching LehreEnseignante depuis 2010, d'abord à l'ENSA Versailles, depuis 2014 en tant qu'enseignante titulaire en TPCAU à l'ENSA Nancy.
Dans ma pratique d’architecte, j’aime lier matière et technologie. Dans mes enseignements, il me semble important de transmettre, que nos choix de matière et de matériaux ne sont jamais seulement soit qualitatifs, soit quantitatifs, mais les deux à la fois. La qualité haptique – terme allemand qui regroupe l’effet de l’ensemble des qualités sensorielles d’une matière. Ainsi, penser un projet frugal n’est pas synonyme d’appauvrissement. Mon parcours d’enseignante témoigne de cet attachement à la problématique : j'ai établi une série de cours magistrales en Master 1 « Matière et Matérialité » depuis 2013. En licence, je tiens à lier l’approche conceptuelle du projet à celle de sa résolution matérielle. Les enseignements que je propose dans le cycle Master s’attachent à inscrire les problématiques sociétales et urbaines du projet architectural, par la conception et la résolution des questions de matérialité au niveau du bâtiment, dans l’échelle de la ville. Le terme d’ambiance prend ainsi son sens à toutes les échelles. Je propose un cours magistral– « Ornement et tectonique » - qui présente une approche croisée entre l’histoire culturelle, sociétale et technologique occidentale depuis la révolution industrielle pour établir un lien entre besoins et problématiques, moyens techniques et ressources disponibles. L’intention de ce cours est de porter le regard des étudiants sur le lien entre la situation sociétale et technologique, et les solutions des problématiques élaborés au moment donné. Ces liens de cause à effet se répercutent dans le présent, dans la réalité du bâtiment en France, en Europe, dans le Monde. Le cours vise à fédérer la capacité des étudiants de mieux inscrire les problématiques et préoccupations contemporaines dans une continuité historique et sociétale, afin de saisir le caractère à la fois technique et culturel de ce que nous vivons aujourd’hui. Il me semble également que cette compréhension permettra une meilleure projection ou anticipation de ce qui est à venir. Dans mon enseignement il est primordial que les réflexions menées puissent s’exprimer concrètement et se déployer tant sur un plan technique qu’esthétique. Mon enseignement n’est en conséquence pas abstrait, mais ancré dans la pratique et la réalité physique et technologique. L’ensemble des studios de projet que j’encadre, et aussi les enseignements théoriques s’accompagnent pour cette raison systématiquement d’exercices de représentation (dessin, maquette, collage, blogue, prototype etc.). Une réflexion centrale en architecture tourne autour de la question du besoin initial d’architecture – de l’abris. Vivre dans le monde. C’est habiter. D’abord habiter son propre corps, et habiter le monde ensuite. Habiter, c’est s’accommoder. Comment est-ce que je m’accommode de moi-même et de mon environnement ? Comment est-ce que je l’accepte, comment est-ce que je le transforme, comment est-ce que je le valorise ? S’accommoder, c’est transformer l’environnement pour mieux y vivre. Notre environnement est la matière que nous transformons par notre manière d’habiter le monde. C’est encore plus vrai pour les architectes. En architecture on parle de transformation de la matière en matériau. Notre époque, alors que nos agences baignent dans les catalogues de matériaux, revient à rapprocher l’échelle de la matière de celle des matériaux : la terre, la paille, la pierre brute, le végétal sont autant d’exemples. Les notions d’ambiance relient ici les aspects sensoriels au quantitatif. Cette perspective se présente comme axe de travail autour des échelles de la matière et du matériau, du bâtiment et de la ville – de l’individu à la dimension sociétale, et ce dans une portée philosophique, politique et environnementale. |